#1 Tchernobyl, c'est où ?

Pour commencer, nous allons situer la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Dans l'imaginaire collectif, la plupart des gens non-renseignés vont vous dire "c'est en Russie", alors que non, c'est en Ukraine. Cette faute est souvent commise car l'Ukraine était, en 1986, en URSS. L'amalgame avec la Russie est fréquent.

Voici quelques cartes (cliquez dessus pour agrandir) :

Tchernobyl en Europe

Tchernobyl en Ukraine (avec les autres centrales Ukrainiennes)

Autre carte de l'Ukraine

Maintenant que vous savez où se situe le centrale, nous allons pouvoir développer le sujet.



#2 La centrale

La centrale nucléaire de Tchernobyl, aussi appelée centrale nucléaire Lénine (en hommage au grand personnage qu'était Vladimir Illitch), est une centrale nucléaire (actuellement à l'arrêt), située sur un affluent du Dniepr à environ 15 km de la ville de Tchernobyl (à ne pas confondre avec la centrale) en Ukraine, prés de la ville de Pripiat, à 18 km au nord-ouest de la centrale, 16 km de la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie, et environ 110 km au nord de Kiev. 

Avant la catastrophe, la centrale était composée de 6 réacteurs nucléaires de type RBMK 1000. La construction des réacteurs 1 et 2 débute en 1971, le premier est mis en service en 1977, le second, l’année suivante. Les réacteurs 3 et 4 sont mis en chantier en 1975, leur exploitation commence respectivement en 1981 et 1983. La construction des réacteurs 5 et 6, aussi d'une puissance de 1000 MW, est interrompue par la catastrophe. Sa construction était dû au besoin énergétique grandissant dans la région.

Un rapport confidentiel de 1979, signé par le directeur du KGB Iouri Andropov et cité par Nicolas Werth, souligne que "divers chantiers de construction réalisant le bloc n°2 de la centrale atomique de Tchernobyl mènent leurs travaux sans aucun respect des normes, des technologies de montage et de construction définies dans le cahier des charges."
En 1983, l'acte de mise en exploitation expérimentale du réacteur n° 4 de la centrale de Tchernobyl est signé alors que "toutes les vérifications n'avaient pas été achevées."


Réacteur numéro 1 en construction (1971-1976).


En 1985, l’Union soviétique dispose de 46 réacteurs nucléaires alors en fonctionnement dans le pays, dont une quinzaine d’exemplaires de type RBMK 1000 d'une puissance électrique de 1000 mégawatts chacun. À cette époque, la part du nucléaire en Union soviétique représente environ 10% de l'électricité produite, et la centrale de Tchernobyl fournit 10% de l'électricité en Ukraine.

Architectes et ouvriers de la centrale.

Vue sur le 1er réacteur.

Création d'un second puit pour la deuxiéme unité.

Aprés la catastrophe, les réacteurs 1, 2 et 3 continuèrent de fonctionner jusqu'en décembre 2000 alors que les villes de Tchernobyl et de Pripiat étaient pratiquement devenues des villes fantômes.

De 1986 à décembre 2000, jusqu'à 9000 personnes ont travaillé à la centrale. Aujourd'hui, même à l'arrêt, elle emploie encore environ 3000 personnes pour sa surveillance. Jusqu'en 1986, les travailleurs habitaient pour la plupart à la ville nouvelle Pripiat construite en même temps que la centrale. En raison de l'évacuation de Pripiat après la catastrophe, les travailleurs habitent désormais Slavutych, une ville située à 45 km à l'est de la centrale, elle a été construite pour remplacer Pripiat. Après 1986, un travail à Tchernobyl était attractif malgré les doses élevées de radioactivité, en raison des salaires exceptionnellement haut et d'un rythme de 2 semaines de travail / 2 semaines de congés.


#3 Causes de la catastrophe


La catastrophe de Tchernobyl est un accident nucléaire qui s'est produit le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Cet accident a conduit à la fusion du cœur d'un réacteur, au relâchement de radioactivité dans l'environnement et à de nombreux décès, survenus directement ou du fait de l'exposition aux radiations. Il est un des deux accidents classés au niveau 7 sur l'échelle internationale des évènements nucléaires (INES) le second étant Fukushima), ce qui en fait le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu'à présent.

Avant de lire, ce qui va suivre, je vous conseil de jeté un œil là dessus:
Comprendre le fonctionnement d'un réacteur nucléaire
Infos sur les réacteurs RBMK

Le vocabulaire utilisé dans ce dossier étant légèrement compliqué, j'ai renvoyé les mots ou expression les plus compliqué vers leur page wikipedia. De plus, afin de comprendre ce texte, une connaissance primaire d'un fonctionnement du nucléaire est requis.

L'accident s'est produit lors d'un exercice qui avait pour but de prouver que l'on pouvait relancer la centrale d'elle-même à la suite d'une perte totale du réseau électrique. La centrale était pourvue de générateurs diesel, mais ceux-ci mettaient 15 secondes pour démarrer et de 60 à 75 secondes pour arriver à leur puissance maximale. Ce laps de temps étant considéré comme trop élevé, l'objectif était d'utiliser l'énergie cinétique du turbo-altérnateur pour relancer les pompes de recirculation primaires pendant cette période. Les réacteurs RBMK sont instables à faible puissance avec du combustible peu enrichi comme c'était le cas. Cet exercice a été conduit à une puissance trop faible et en plein pic Xénon et Iode : on qualifie ce phénomène d'empoisonnement du réacteur. La conduite à tenir à ce stade aurait été d'arrêter le réacteur pendant 1 à 2 jours en maintenant un refroidissement permanent le temps que l'iode et le xénon se désintègrent naturellement.

Le réactif de l'explosion est le liquide caloporteur, en l'espèce de l'eau légère (=eau ordinaire). La chaleur aurait provoqué la radiolyse de l'eau, puis la recombinaison de l'hydrogène et de l'oxygène libérés aurait provoqué l'explosion qui a soulevé la dalle de béton recouvrant le réacteur.
Selon d'autres experts, l'explosion serait une explosion de vapeur, conduisant aux mêmes conséquences. Le graphite incandescent après l'explosion a fait fondre la gaine des crayons d'uranium, en zirconium et s'en est suivie la fusion de l'uranium lui-même qui dégagea des gaz et particules hautement radioactifs qui ont contribué à la contamination des nuages (=qui deviendra le célèbre nuage de Tchernobyl). L'incendie a été entretenu par la suite par la combustion du graphite. L'explosion n'a rien de nucléaire : si le point de départ est bien une réaction nucléaire en chaîne, c'est bien une réaction chimique, et non nucléaire qui a provoqué la catastrophe.
Suite à l'accident, de grandes quantités de radioisotopes, radioactifs (et pour certains, extrêmement toxiques de surcroît), ont été libérées dans l'atmosphère. L'accident qui s'est produit à la centrale nucléaire de Tchernobyl dans le réacteur n°4 est ainsi classé au niveau le plus élevé (le niveau 7) dans l’échelle INES qui mesure la gravité des accidents nucléaires.

Voici à quoi ressemble un réacteur nucléaire RBMK 1000.

Le réacteur de la tranche n°4 est de type RBMK 1000 (réacteur de grande puissance à tubes de force = se reporter au lien "Infos sur les réacteurs RBMK").
Par sa conception, ce type de réacteur présente plusieurs points faibles:
-Son coefficient de vide est positif à basse puissance et dans certaines conditions de fonctionnement (contrairement aux réacteurs RBMK plus récents): si des bulles se forment dans le fluide caloporteur, la réaction tend à s'emballer.
 Cet état de fait a les origines suivantes:
-D'une part le modérateur prépondérant est le graphite qui est solide et peu sensible en volume aux variations de température.
-D'autre part, pour pouvoir utiliser de l'uranium peu enrichi, le réseau en fonctionnement est proche de l'optimum de modération.
-Ces dispositions étaient considérées comme bonnes par les concepteurs parce qu'elles rendent le réseau relativement peu sensible aux variations du taux de vide dans le fonctionnement normal du réacteur, ce qui est une bonne chose du point de vue de la régulation d'ensemble de la centrale puisque plus la puissance est élevée, plus la pression vapeur est basse et le taux de vide élevé dans le cœur.
-Dans certaines configurations toutefois on peut se trouver avec un cœur surmodéré dans lequel la disparition d'atomes d'hydrogène modérateurs et celle d'atomes d'oxygène absorbants, induites par l'augmentation du taux de vide dans le cœur, provoquent une augmentation de la réactivité.
-L'utilisation du graphite comme modérateur le rend inflammable lorsque la température augmente trop.
-Le système d'arrêt d'urgence du réacteur est particulièrement lent (20 secondes). Ce système d'arrêt d'urgence est assuré par des barres modératrices, dites barres de contrôle, qui descendent dans le cœur du réacteur. En outre, dans certaines situations les barres de contrôle sont faites de telle façon qu'elles apportent de la réactivité durant la première phase de leur descente dans le cœur. Cet état de fait a été un facteur aggravant de l'accident car les opérateurs ont ainsi été trompés : ils disposaient sans le savoir d'un accélérateur et non pas d'un frein de la réaction nucléaire en chaîne. Dans les centrales du même type que les centrales françaises, ces barres descendent sous la seule action de la gravité en cas d'urgence. De ce fait, elles mettent environ 1 seconde à atteindre leur efficacité maximale.
-Notons également que la centrale de Tchernobyl n'avait pas d'enceinte de confinement, contrairement à la plupart des centrales actuelles; c'est ce qui a permis aux rejets radioactifs de s'échapper aisément dans l'environnement.
Outre ces problèmes de conception, la construction de la centrale a été réalisée sans respecter les normes en vigueur. Un rapport confidentiel de 1979, signé par le directeur du KGB Iouri Andropov et cité par Nicolas Werth, souligne que « divers chantiers de construction réalisant le bloc n°2 de la centrale atomique de Tchernobyl mènent leurs travaux sans aucun respect des normes, des technologies de montage et de construction définies dans le cahier des charges.

Une expérience était en cours sur le réacteur n° 4, pour tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant. La puissance thermique du réacteur avait été réduite de 3 200 MW à 1 000 MW dans le cadre de ce test dans la nuit du 25 au 26 avril.
L'accident s'est alors produit suite à une série d'erreurs commises par les techniciens de la centrale. Les opérateurs ont notamment violé des procédures garantissant la sécurité du réacteur et donc de la centrale. Enfin, depuis sa mise en service en 1977, la centrale est dirigée par Viktor Petrovitch Brioukhanov, un ingénieur en thermodynamique et non un spécialiste du nucléaire. Il fait partie d'une génération d'hommes promus grâce à " leur volontarisme militant, qui consistait d'abord et avant tout à remplir et dépasser le plan de production, nonobstant (=malgré) le respect des normes de construction ou de sécurité."

Photographie du réacteur n°4 aprés l'explosion.

Pour essayer d'être plus clair dans cette accident assez complexe, voici une chronologie des évènements, quitte a me répéter, je préfère :

-25 avril 1986, 13h05 : Dans le cadre de l'expérience prévue, la puissance du réacteur est stabilisée autour de 1 600 MW.
-25 avril 1986, 23h10 : La puissance est encore abaissée à 500 MW. Cependant, la puissance de sortie chute brutalement à 30 MW, ce qui provoque un empoisonnement du réacteur au xénon. Les opérateurs essaient alors de rétablir la puissance, mais le xénon-135 accumulé absorbe les neutrons et limite la puissance à 200 MW. Pour débloquer la situation, les opérateurs retirent les barres de carbure de bore, qui servent à contrôler la température du réacteur, au-delà des limites de sécurité autorisées.
-26 avril 1986, entre 01h03 et 01h07 : Deux pompes supplémentaires du circuit de refroidissement sont enclenchées pour essayer de faire augmenter la puissance du réacteur. C'est le dernier moment pour arrêter le réacteur et le sauver.
-26 avril 1986, 01h19 : Pour stabiliser le débit d'eau arrivant dans les séparateurs de vapeur, la puissance des pompes est encore augmentée. Le système demande l'arrêt d'urgence. Les signaux sont bloqués et les opérateurs décident malgré tout de continuer.
-26 avril 1986, 01h23 : L'essai réel commence. Les vannes d'alimentation en vapeur de la turbine sont fermées, ce qui a fait augmenter la pression dans le circuit primaire.
-26 avril 1986, 01h23 et 40s : L'opérateur en chef ordonne l'arrêt d'urgence. Les barres de contrôle sont descendues, sans grand effet : en effet, le réacteur est déjà bien trop chaud, ce qui a déformé les canaux destinés aux barres de graphite; les barres de contrôle ne sont descendues qu'à 1m50 au lieu des 7 m normaux.
-26 avril 1986, 01h23 et 44s : La radiolyse de l'eau conduit à la formation d'un mélange détonnant d'hydrogène et d'oxygène. De petites explosions se produisent, éjectant les barres permettant le contrôle du réacteur. « En 3 à 5 secondes, la puissance du réacteur centuple. » Les 2 000 tonnes de la dalle de béton recouvrant le réacteur sont projetées en l'air et retombent de biais sur le cœur de réacteur, qui est fracturé par le choc.
Un incendie très important se déclare, tandis qu'une lumière aux reflets bleus se dégage du trou formé.
Les techniciens présents sur place, ainsi que Brioukhanov réveillé à 1h30, ne saisissent pas immédiatement l'ampleur de la catastrophe. Ce dernier appelle le ministère de l'Énergie à 4h en déclarant que « Le cœur du réacteur n'est probablement pas endommagé. ». Il reçoit pour ordre de maintenir le refroidissement par eau du réacteur; cet ordre, que Brioukhanov persistera à appliquer toute la journée, n'aura pour effet que de libérer plus de radio-éléments dans l'atmosphère et de noyer les installations souterraines communes aux réacteurs 3 et 4, menaçant gravement le fonctionnement et l'intégrité du réacteur 3. L'ingénieur en chef responsable du réacteur 3 prendra, au cours de la journée et contre les directives de Brioukhanov, la décision de faire passer ce réacteur en arrêt à froid, permettant ainsi de le sauver d'une destruction certaine, au vu de la destruction progressive des installations.

#4 Gestion de la catastrophe


Tout commence par la lutte contre l'incendie, afin d'éteindre l'incendie qui s'est déclenché après l'incident, Brioukhanov (le dirigeant de la centrale) appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus de Pripyat, située à 3 km de la centrale, interviennent sur les lieux sans équipement particulier. Cependant, les matières nucléaires ne peuvent être éteintes avec de l'eau. Les pompiers, gravement irradiés, sont évacués et mourront pour la plupart (les témoignages sur leur souffrance et les conditions de leur mort ont été recueillis par la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch dans son livre La supplication)


Des courageux pompiers qui ont sûrement laissé leur vie là-bas.
Le principal danger de l'incendie est que les dégâts qu'il occasionne à la structure risquent de provoquer l'effondrement du magma en fusion (=corium) dans les parties souterraines qui sont noyées. Un contact entre l'eau et le réacteur en fusion provoquerait une explosion qui disperserait d'immenses quantités de matière radioactive. Des plongeurs sont envoyés afin de fermer les vannes et installer un système de pompage pour vider les salles noyées. L'incendie finira par être éteint par projection dans le brasier de sacs de sable et de plomb depuis des hélicoptères.

Un pilote largue son mélange sur le réacteur en fusion afin d'essayer de l’éteindre. 
Le nouveau but est l'étouffement du cœur du réacteur en fusion (26 avril - 14 mai).
L'incendie éteint, les techniciens de la centrale prennent conscience de l'étendue des dégâts provoqués par la retombée du toit sur le réacteur, qui est désormais fissuré. Le graphite toujours en combustion, mélangé au magma de combustible qui continue de réagir, dégage un nuage de fumée saturée de particules radioactives.
Il faut donc au plus vite maîtriser le feu de graphite et faire face à la présence de débris hautement radioactifs projetés aux environs par l'explosion. Ce n'est qu'ensuite que le réacteur pourra être isolé par un sarcophage.
La première opération est réalisée grâce à un ballet d'hélicoptères militaires de transport mené par plus de mille pilotes (surement tous irradiés). Il s'agit de larguer dans le trou béant 5 000 tonnes de sable, d'argile, de plomb, de bore, de borax et de dolomite, un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire et d'étouffer l'incendie du graphite afin de limiter les rejets radioactifs. La mission est difficile, car elle consiste à larguer les sacs à une hauteur de 200 m dans un trou de 10 m de diamètre environ, et ceci le plus vite possible, car malgré l'altitude les personnes reçoivent 15 röntgens (voir: röntgen), soit 150 mSv (voir: sievert), en 8 secondes, avec un débit dose de plus de 100 Sv/h. Une telle dose augmente significativement la probabilité de développer un cancer. Dans la seule journée du 30 avril, 30 tonnes de sable et d'argile sont ainsi déversées sur le réacteur.
D'autre part, sur le toit et aux alentours immédiats de la centrale, une cinquantaine d'opérateurs sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose que de 90 secondes pour effectuer sa tâche. Il est exposé à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement élevés dont ne le protègent guère des équipements de protection dérisoires, principalement destinés à l’empêcher d’inhaler des poussières radioactives. Un grand nombre de ces travailleurs en première ligne ont développé par la suite des cancers et sont morts dans les années qui ont suivi. Ces travailleurs ont été surnommés les liquidateurs. Il a aussi été fait appel à des robots télécommandés français, suisses et allemands mais ceux-ci sont tous tombés en panne à cause des niveaux de radiation exceptionnellement élevés.


Cependant, le réacteur est toujours actif et la dalle de béton qui le soutient menace de se fissurer. Plus grave, l'eau déversée par les pompiers pour éteindre l'incendie a noyé les sous-structures, menaçant ainsi l'intégrité et le pilotage des 3 autres réacteurs de la centrale. Le Professeur Vassili Nesterenko, éminent scientifique nucléaire russe, diagnostique que si le cœur en fusion atteint la nappe d'eau accumulée par l'intervention des pompiers, une explosion de vapeur est susceptible de se produire et de disséminer des éléments radioactifs à une très grande distance. En effet, la fusion du combustible et des structures métalliques a formé un corium sur le plancher situé sous le réacteur. L'évacuation de la population est recommandée et une nouvelle équipe de pompiers envoyée pour évacuer cette eau en ouvrant les vannes de vidange de la piscine de suppression située sous le plancher de la cavité du réacteur. Ceux-ci travailleront toujours sans protection et y laisseront leur vie.

Sous le cœur du réacteur en fusion, la dalle de béton menace de fondre. Au cours de la seconde quinzaine de mai, on fait appel à environ 400 mineurs des mines des environs de Moscou et du bassin houiller du Donbass pour creuser un tunnel de 167 mètres de long menant sous le réacteur afin d'y construire une salle. Un serpentin de refroidissement à l'azote doit y être installé pour refroidir la dalle de béton du réacteur. Les mineurs se relaient 24 heures sur 24 dans des conditions très difficiles dues à la température élevée et au niveau très important de radiation (Le débit de dose à la sortie du tunnel est d’environ 200 röntgens par heure. La radioactivité dans le tunnel lui-même est élevée quoique non fatale à court terme, mais la chaleur rend le travail difficile). Le circuit de refroidissement ne fut jamais installé et finalement remplacé par du béton pour ralentir et arrêter la descente du cœur fondu.
Grâce à ces travaux, le niveau de radiation baissera momentanément avant de s'élever à nouveau. Ce n'est que le 6 mai que la radiation absorbée en 8 secondes chute enfin à 1,5 röntgen par heure. Après cette date, ce sont encore 80 tonnes de mélanges qui seront déversées. Valeri Legassov, un haut fonctionnaire soviétique chargé des questions nucléaires, se suicide en voyant la manière dont l'accident a été géré par les autorités, et publie à titre posthume un article dans la Pravda.

Pour finir, l'écroulement final du réacteur "calme" la situation :
Le 6 mai, l'émission du réacteur tombe en moins de vingt minutes à 1/50 de sa valeur précédente, puis à quelques curie par jour.
L'explication n'en sera connue qu'en 1988, suite aux forages horizontaux faits à cette date à travers le bloc 4 par l'Institut Kourtchatov (voir= Kourtchatov) : le fond du réacteur avait cédé d’un coup, et le cœur fondu en lave liquide s’était écoulé puis définitivement solidifié 20 m plus bas dans les infrastructures, dans la piscine de suppression de pression qui avait heureusement été vidée.
Selon Vassili Nesterenko, "la sédimentation du plutonium fondu sous le réacteur peut provoquer une explosion nucléaire des dizaines d’années après l’accident". Par ailleurs, il affirme que les collaborateurs de l’Institut de l’énergie atomique de l’Académie des sciences de Biélorussie ont calculé qu'une explosion atomique d’une puissance de 3 à 5 Mégatonnes pouvait se produire les 8 ou 9 mai 1986 (c’est à dire une puissance 50 à 80 fois supérieure à la puissance de l’explosion d’Hiroshima...). Une telle explosion pouvait provoquer des radiolésions massives pour les habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une contamination radioactive rendant la vie normale impossible.

A Tchernobyl, les travailleurs et ouvriers ont été exposés a un niveau de radiations 90 fois plus élévée qu'avec la bombe d'Hiroshima.

Le sarcophage, la solution ?
Dans les mois qui ont suivi, plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ), les « liquidateurs » venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, de Lituanie et de Russie arrivent sur le site pour procéder à des nettoyages du terrain environnant. Leur protection individuelle contre les rayonnements était très faible, voire nulle. La décontamination était illusoire dans la mesure où personne ne savait où transférer le terrain contaminé.

Le 26 avril 1986, la population locale n’est pas prévenue de l'accident et poursuit ses activités habituelles sans prendre de précautions particulières. Ainsi à Pripyat, 900 élèves âgés de 10 à 17 ans participent à un « marathon de la paix » qui fait le tour de la centrale. Un film amateur d'époque montre de manière très flagrante que Pripyat est déjà contaminée gravement : la radioactivité y a formé de nombreux flashs blancs au rythme de plusieurs par seconde (voir le film "La Bataille de Tchernobyl").
L'évacuation débute le 27 avril et les 45 000 habitants de Pripyat sont les premiers concernés. Ils n'ont été informés que quelques heures auparavant par la radio locale, qui leur demandait de n'emporter que le strict minimum et leur promettait qu'ils seraient de retour sous 2 ou 3 jours. Emmenés par l'armée, ils sont hébergés dans des conditions précaires dans la région de Polesskoie, elle-même gravement touchée par les radiations. Les premiers symptômes d'une forte exposition aux radiations (nausées, diarrhées, etc.) commencent à apparaître déjà chez beaucoup d'entre eux.

Les habitants de Pripyat évacués en bus.

Au début du mois de mai, les 115 000 personnes habitant dans un rayon de 30 km autour du site sont évacuées, opération qui se poursuit jusqu'à la fin du mois d'août. Chaque évacué reçoit une indemnité de 4 000 roubles (100€ avec les changes d'aujourd'hui (environ)) par adulte et 1 500 roubles par enfant. Les évacuations touchent au total environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine.
Quatre « zones de contamination » décroissantes sont définies. Deux d'entre-elles ne sont pas évacuées, mais les habitants disposent d'un suivi médical et de primes de risque.

Dans les premières heures qui suivent la catastrophe, l'opacité créée par les différents échelons administratifs est totale. Mikhaïl Gorbatchev n'est informé officiellement que le 27 avril. Il est forcé de faire appel au KGB pour obtenir des informations fiables. Le rapport qui lui est transmis parle d'une explosion, de la mort de deux hommes, de l'arrêt des tranches 1, 2 et 3. Les rapports faits au dirigeant soviétique sont entourés d'«un luxe de précautions oratoires».


Quel rôle on eu les pays occidentaux dans cette catastrophe ?
Le 28 avril au matin, un niveau de radioactivité anormal est constaté dans la centrale nucléaire de Forsmark en Suède, qui entraîne l'évacuation immédiate de l'ensemble du site par crainte d'une fuite radioactive interne. Mais les premières analyses montrent que l'origine de la contamination est extérieure à la centrale et vient de l'est. L'après-midi du même jour, l'Agence France-Presse rapporte l'incident.
À partir de ce moment, toutes les hypothèses sont formulées par les médias occidentaux. Les informations arrivent au compte-goutte (interview à Kiev de personnes évacuées de la zone, etc.). L'agence de presse TASS parle le 29 avril d'un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl » tandis que les photos satellites du site de la centrale fournissent les premières images de la catastrophe.

Pour Gorbatchev, la catastrophe constitue la première mise en œuvre de la politique de glasnost. Dans son esprit, l'accident constitue "un nouvel argument fort en faveur de réformes profondes."
Le 14 mai, Gorbatchev prononce une allocution télévisée dans laquelle il reconnaît l'ampleur de la catastrophe et admet que des dysfonctionnements profonds ont eu pour conséquence que " ni les politiques, ni même les scientifiques n'étaient préparés à saisir la portée de cet évènement. "
Cette volonté de transparence ne va pas sans une très importante propagande autour des travaux réalisés, destinée à mettre en valeur la "bataille contre l'atome". Une banderole apposée sur le réacteur éventré proclame que "le peuple soviétique est plus fort que l'atome" tandis qu'un drapeau rouge est fixé au sommet de la tour d'aération de la centrale à l'issue des travaux de déblaiement.


#4bis Les liquidateurs


"Liquidateurs" était le nom donné en ex-URSS au personnel civil et militaire intervenu immédiatement sur les lieux de la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril au matin, mais aussi les équipes impliquées dans la consolidation et l'assainissement du site à plus long terme, jusque dans les années 1990. Le bilan les concernant doit être distingué du bilan civil de la catastrophe.
Le nombre avancé est généralement de 600 000 personnes, soit :
-200 000 personnels d’intervention,
-116 000 civils évacuées (par bus réquisitionnés) dans les jours qui ont suivi l’accident,
-270 000 autres personnes évacuées trois mois plus tard dans les zones les plus touchées par les retombées. La dosimétrie précise concernant ces groupes est hétérogène et souvent difficile à reconstituer, et ces personnes venues de toutes les régions de l'ex URSS n'ont pas fait l'objet d'un suivi à moyen ni à long terme. Certains se sont ensuite regroupés en associations.



Sans le personnel d'intervention, le monde d'aujourd'hui n'existerait tout simplement pas.

L'enjeu immédiat, dans les jours qui suivirent Tchernobyl, était d'éteindre le graphite brûlant encore dans le réacteur pour éviter une réaction nucléaire en chaîne conduisant à un accident thermonucléaire : les scientifiques soviétiques avaient calculé que cet incendie devait être maîtrisé avant le 8 mai sous peine d'assister à une explosion démultipliée encore plus dévastatrice, à l'échelle de l'Europe.
Des dizaines de milliers d'ouvriers furent acheminés sur le site dans l'urgence, afin de construire un sarcophage à la va-vite. Les équipes furent exposées par roulement pendant des durées de quelques secondes à quelques minutes à une radioactivité intense, avec ordre de s'attarder le moins possible. Ces intervenants ne disposaient ni d'informations sur les risques encourus, ni de protections efficaces ; ils bricolèrent tout au plus des sortes d'armures avec des matériaux récupérés et des plaques de plomb qu'on leur avait fourni. Une distribution de cachets d'iode aurait été effectuée parmi eux, mais elle ne fut pas systématique et l'ordre de la prendre ne fut pas toujours respecté. Les travailleurs déblayant les matériaux de la centrale et les pilotes survolant le site à travers le nuage de poussière radioactive étaient particulièrement exposés. Il en allait de même pour les intervenants sur le toit du réacteur n°3 qui récupéraient les débris de graphite, connus sous le nom de « chats du toit » dans le cas de certaines unités. C'est dans ces conditions que l'incendie finit par être maîtrisé le 6 mai 1986.


Entre 1986 et 1992 on estime qu'il s'agit au total de 600 000 à 800 000 individus en provenance de toute l'URSS, opérateurs de la centrale, sapeurs-pompiers, pilotes d'hélicoptères, mineurs, terrassiers, ouvriers, militaires ou civils, qui se relaieront sur le site.
Une partie de leur travail était motivée par ce qui fut salué comme un acte de dévouement, voire un véritable « sacrifice » (dans le cas de personnes conscientes du danger); et plus largement par des promesses de salaires élevés et d'avantages sociaux (logements, places dans les crèches...) ou symboliques (médailles et diplômes) décernés par le gouvernement.
Certains de ces intervenants furent par la suite déclarés « Héros de l'Union soviétique ». Ce fut le cas notamment de Nikolaï Melnik, un pilote d'hélicoptère qui avait placé des capteurs de radiations sur le réacteur , et du major Leonid Teliatnikov responsable de la lutte contre l'incendie, auquel un monument fut érigé à titre posthume au cimetière de Baykove à Kiev le 25 avril 2006.

Médaille remis aux liquidateurs survivants...
Les liquidateurs ont malheureusement été les premiers touchés par les radiations.
Le suivi médical des liquidateurs a été différent selon leur nationalité (russe, ukrainienne, estonienne) depuis la désagrégation de l' URSS en plusieurs républiques autonomes (1991).
Le nombre de liquidateurs se réduit cependant d'année en année : les liquidateurs en vie souffrent actuellement de pathologies rares, parmi lesquelles une forte proportion de cancers. Les sauveteurs et les pompiers intervenus immédiatement sur les lieux sont décédés les premiers, dans les semaines qui suivirent l'accident. Des cancers de la thyroïde, de la peau et des os, la plupart très rares, ont été relevés chez les autres avec une fréquence 4 fois supérieure à la moyenne nationale (d'après une étude de médecins biélorusses). Certains de leurs enfants présentent des malformations congénitales à la naissance. Enfin, les anciens liquidateurs présentent des séquelles psychologiques graves dues, en partie, à l'absence de reconnaissance de leur travail par les autorités : beaucoup continuent de réclamer les avantages promis, leur taux de suicide est particulièrement élevé et supérieur à celui de leur tranche d'âge.


Monument en l'honneur des liquidateurs.

#5 Conséquences


Les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, à la fois sur la santé des populations et l'intégrité de l'environnement, sont dues à l'iode, puis au césium 137, et à cause de nombreux autres radionucléides qui ont été émis par le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les modèles utilisés pour étudier la catastrophe sont en partie ceux des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki.

Ces modèles sont essentiellement ceux d'irradiation externe. Ils s'appliquent mal à une irradiation interne, chronique, due à l'ingestion d'aliments contaminés par des radionucléides sur laquelle les scientifiques continuent de s'interroger sans résultats définitifs jusqu'à présent, sauf en matière de cancer de la thyroïde. L'évaluation du nombre de décès survenus et encore à venir imputables à la catastrophe est donc l'objet de nombreuses controverses opposant essentiellement l'AIEA et l'OMS à des ONG comme Greenpeace et plusieurs chercheurs indépendants, les chiffres avancés variant de quelques dizaines à quelques centaines de milliers de morts.

La radioactivité libérée par l’explosion a contaminé une superficie d’environ 160 000 km² au Nord de Kiev et aussi au Sud de la Biélorussie, et a détruit une partie de la végétation aux alentours.
Une large zone autour de la centrale est fortement contaminée et la plupart des espèces vivantes ont été atteintes. Cela a pris du temps pour que les animaux reprennent le cours de leur vie. Fin 1987, on a mesuré un taux de césium 137 radioactif encore des milliers de fois supérieur à la normale sur le site de Tchernobyl.
Controverse sur les chiffres
L'évaluation des conséquences sanitaires de la catastrophe fait l'objet d'une controverse. Certains y voient l'écho d'enjeux politiques. D'autres y voient un problème d'épidémiologie.

Ce qui est sûr c'est que ces radiations ont contaminés bon nombre d'êtres humains, et sont a l'origine d'une génération de "mutant" que ce soit au niveau de l’espèce humaine que d'autres espèces animales.
Je vais montrer quelques exemples de mutations animales, mais je ne mettrais pas de photos de mutations humaines, pour ne pas choqués les plus sensibles, mais surtout par respect pour ces victimes.


On peu voir sur ces images une biche a deux têtes et une seconde ayant 6  jambes.

Il y'a tellement de versions différentes et contradictoires que je ne préfère n'avancer aucuns chiffres sur mon blog, je ne veux pas induire en erreurs les gens avec des chiffres probablement faux. Personnellement je pense qu'il est impossible de 'calculer' le nombres de victimes, les informations ont tellement été manipulées ou cachées... Si vous vous intéressez a cela, je vous laisse faire vos propres recherche et forger votre propre avis.

Voici quand même quelques images du nuage au niveau de l'Europe puis la contamination du sol français.
Je vous montre aussi la une d'un journal de l'époque, pour vous montrez que sur cette affaire on ne peu avoir de chiffres claires et ne pas savoir la "vraie vérité."